Comprendre l’astrologie

8 mars 2005 Non Par L'Echelle Humaine

Didier Fleury

Qu’est-ce que l’astrologie ?

 

En cliquant sur le lien de cet article : « comprendre l’astrologie », vous venez au fond de vous poser une question d’importance : qu’est-ce que l’astrologie ? On peut légitimement chercher une définition de l’astrologie, mais celle-ci n’est sans doute pas unique parce que les usages de cette pratique sont nombreux. La définition de l’astrologie que nous allons proposer ici n’a aucune portée théorique qui la mettrait hors d’atteinte du profane en cette matière !

Astrologues médiévaux

L’observation des rythmes de l’univers
par des astrologues médiévaux.

L‘astrologie est fondée sur le principe que les mouvements cosmiques révèlent les lois de l’évolution du vivant. Non que les planètes fassent ces lois, mais qu’elles sont dans ces lois avec lesquelles l’être humain et tout ce qui vit façonne son devenir. Quel que soit ce qu’on va chercher dans l’astrologie, on le fait parce qu’on estime que la Terre et le ciel ne sont pas séparés de manière radicale. L’astrologie est l’étude des correspondances entre les rythmes du ciel et les structures de la vie (dans lesquelles se produisent les événements historiques et personnels).

Mais que voyons-nous dans le ciel ? Celui-ci est relativement fixe par rapport à nous. En revanche, sur une bande particulière du ciel, où se trouve le zodiaque, et qui s’apparente au chemin que parcourt le soleil chaque jour, nous observons du mouvement. Les révolutions des planètes du système solaire s’effectuent à cet endroit du ciel. Nous pensons être fixes et voir les astres se déplacer, Soleil compris, mais nous sommes partie prenante de ces mouvements. Nous orbitons nous-mêmes autour du Soleil. Cependant, il importe peu de s’imaginer immobile, parce que ce qui compte en astrologie est notre perception de l’univers, le vécu que nous en avons, et non ce qu’il est objectivement. Les mouvements planétaires sont faits de cycles répétitifs, les plus petits et les plus rapides dans les plus grands et les plus lents. Nous l’expérimentons chaque jour à travers le cycle du jour et de la nuit, où à travers les saisons qui sont dus à des mouvements astronomiques en dernier regard. Nous sommes dans l’univers et en vivons ses rythmes.

Observatoire de Jantar Mantar - Jaipur (Inde).

Observatoire de Jantar Mantar – Jaipur (Inde). License Creative CommonBY-SA 3.0.

En Mésopotamie, et peut-être premièrement dans la cité d’Ebla, le ciel était attentivement observé. Des astrologues notaient tous les « signes » qui nous apparaissaient et transmettaient leurs observations au palais royal .

Ces données, conservées sur des tablettes, s’accumulèrent et permirent de remarquer des coïncidences entre les événements terrestres et les positions célestes. L’astrologie repose sur un empirisme. 

Que penser de ces correspondances entre la Terre et le ciel ? Les mythologies apportèrent des réponses. Une hiérarchie bien conçue d’êtres célestes et supérieurs regardait, observait et manipulait la vie des hommes sur Terre. Autrement dit des  » pouvoirs  » que l’être humain projetaient sur le ciel. Si telle configuration se trouvait dans le ciel, il se produisait tel événement sur Terre. Qu’importe ce qu’en pense notre esprit moderne, nos ancêtres étaient ainsi ! Il est trop tard pour les changer ! Le ciel était sacré et l’astrologie aussi.

Peu à peu, l’Homme a retiré au ciel les pouvoirs qu’il lui conférait pour réfléchir autrement à sa relation à l’univers. L’esprit critique est venu réformer les croyances de l’Antiquité. L’astrologie a toujours survécu, aussi bien dans ses formes populaires (les almanachs et aujourd’hui les horoscopes) que dans ses formes savantes. Aujourd’hui, les écoles d’astrologie développent une vision riche et cohérente de l’astrologie.

 

L’évolution de l’astrologie.

 

Si l’astrologie demeure efficace et pertinente aux nombreux astrologues et étudiants de cette discipline, c’est que les mythologies ne sont que des manières de personnifier des forces. L’effondrement de la pensé mythique a laissé l’astrologie vivante, parce que les forces au coeur de l’homme-univers n’ont pas disparu. Des peuples différents ont projeté sur le ciel des mythologies variées mais fondamentalement proches quant à leur structure. Les mêmes planètes étaient associées partout à des significations analogues. La déesse Nanaya (ou Nanâ) des Babyloniens, l’Astarté en Phénicie, l’Ishtar des Phéniciens, l’Aphrodite des Grecs désignent la planète que nous appelons encore Vénus. Toutes sont des déesses de l’amour et de la volupté.

Enluminure du Moyen-Âge

Enluminure du Moyen-Âge


A
vec le raffinement de la cosmographie – écriture des mouvements du ciel –  se fait jour une compréhension de la mécanique céleste qui permit d’extraire des principes astrologiques directeurs des méandres de l’observation. La complexité du réel pouvait alors être interprétée à travers quelques principes combinés entre eux.

Le zodiaque, comme système de repérage à la fois mathématique – il est régulier – et qualitatif dans le ciel, ainsi que la domification, donnent à l’astrologie son visage cosmographique le plus parfait.

En ramenant la complexité humaine à des principes combinés, l’astrologie devenait un facteur d’ordre et de compréhension dans le chaos apparent du monde. C’est un savoir né des profondeurs de l’être humain dans sa volonté de suivre la sagesse des dieux.

A partir de ses origines, l’astrologie passe par des phases différentes selon les époques et les lieux. Des philosophes grecs qui la chamaillèrent aux dieux, en passant par le Moyen-Âge chrétien et les Arabes, par la Renaissance et par l’époque des  » Lumières  » jusqu’à nos jours, l’astrologie a cheminé, s’est enrichie, a été critiquée, s’est vue l’objet de réflexions passionnées, pour demeurer toujours ce qu’elle est : l’étude des correspondances qui existent entre l’être humain, dans sa situation particulière sur Terre, et l’univers du système solaire qui l’entoure.

On peut dire que l’astrologie, quelle que soit la définition qu’on lui donne, est une connaissance qui perpétue cette découverte de l’homme sur lui-même : Nous sommes fondamentalement empreints des rythmes du cosmos. Depuis le début de l’humanité nous respirons dans les rythmes du cosmos. Ainsi, nous nous construisons en tant qu’être humain selon un rythme et selon une structure qui peut être lu dans le système solaire lui-même, parce qu’il nous accueille, force est de le constater, à l’intérieur de ses mouvements permanents.

L'univers continu

Univers continu (c) Didier Fleury et L’Echelle Humaine.

L‘astrologie repose tout entière sur un sentiment de continuité entre l’être humain et l’univers. Continuité ne signifie pas soumission de l’un à l’autre – voir l’article de Christian Duchaussoy sur le sujet de la liberté et les pratiques de l’astrologie.
Notre échelle de temps est ainsi construite sur la mesure du système solaire. La journée ou l’année ne sont pas des durées arbitraires, mais des réalités astronomiques.
L‘astrologie étudie quant à elle nos correspondances avec le système solaire et les traduit en termes de constitution, de comportements. Être ouvre à la sagesse bien comprise d’être soi-même. Elle suscite de l’engouement parce qu’elle confère une conscience subtile à celui qui progresse dans sa compréhension. Dans sa plus haute expression (loin de là les horoscopes médiatiques qui sont à l’astrologie ce que la collection Arlequin est à une pièce de Corneille), elle nous révèle comme sujet plutôt que comme objet du monde. Elle dévoile comment je vois le monde, et comment je vois le monde m’en apprend sur qui je suis. Toutes choses dont la brutalité du monde marchand et du rendement d’aujourd’hui nous éloigne.

 

Qu’est-ce que le thème natal ?


Le thème natal est la cartographie du monde au moment de la naissance d’une personne qui est placée au centre de son univers. Avec assez peu d’entraînement tout le monde arrive à « monter un thème », car il existe des ouvrages (les éphémérides par exemple) qui font le travail. Il n’est que de reporter des coordonnées précalculées dans les éphémérides pour le faire. Mieux, aujourd’hui un simple logiciel d’astrologie dessine le thème en moins d’une seconde. Un thème nous montre l’état du monde, et plus précisément l’état de « l’écliptique » (c’est le nom du plan de circulation du soleil autour de la Terre, et sur ce plan circulent les planètes également). Ce thème est natal s’il montre la configuration d’une naissance, il est horaire s’il montre le moment d’un événement, etc. L’astrologie, qui n’est pas un don, mais s’apprend comme tout autre chose, est l’art d’interpréter cet état du monde, appliqué à une personne ou à une situation particulière. Interprétation, thème… on se croirait en musique. L’art d’interpréter a des règles. Vous entendrez mille fois une sonate de Mozart, dans mille sensibilités, mais vous reconnaîtrez toujours la partition de Mozart parce que le solfège ne se réinvente pas. Il en est ainsi pour l’astrologie, et c’est pourquoi sa richesse est immense. Il y a des sensibilités très différentes en astrologie, des écoles. Choisir une école ne signifie pas porter une bannière, mais choisir une voie d’accès. Comme tout art d’interprétation, l’astrologie s’appuie sur des techniques qui s’apprennent, sur la connaissance du psychisme humain, ainsi que sur la personnalité de l’interprète.

 

Pratique de l’astrologie.


Mais à quoi sert l’astrologie ? Certains l’étudient passionnément pour le plaisir de la découverte, de la recherche, et parce que l’astrologie leur permet d’explorer le réel, de le comprendre avec un regard mieux organisé par une connaissance des cycles et des enjeux qui s’y déroulent. D’autres trouvent dans l’astrologie une pratique, un art de vivre, des applications concrètes et quotidiennes. C’est aussi une voie de connaissance de soi, et ces mots n’ont rien ici de galvaudé. Mais ce que l’astrologie n’est pas, c’est une contrainte à voir la vie d’une manière plutôt que d’une autre, à faire ceci plutôt que cela. Cette pratique n’est qu’interposition de l’astrologue dans les affaires humaines. Elle est nourrie de projections personnelles. L’astrologue doit savoir éclairer sans peser. Il indique des choix, mais ne devrait pas prononcer de jugements de valeur. L’astrologie n’est pas fataliste dans son essence comme on le croit souvent. Sa pratique a pu être fataliste. Mais cette pratique nous renvoie à nos propres conceptions culturelles de la vie. Fondamentalement, du fait de sa structure, de sa connaissance des cycles, elle renvoie l’homme à son libre-arbitre, en lui montrant le sens de ses choix à tel ou tel moment. L’astrologie s’est toujours vue popularisée jusqu’à, parfois, la plus grande vulgarité d’aspect et d’usage. Pourtant, en montant dans l’échelle du savoir humaniste, on découvre la « grande dame » Astrologie dont parlait André Breton.

On voit de nos jours une chose impensable jadis, c’est la recherche d’une validité théorique de l’astrologie, en la comparant avec d’autres disciplines mieux cautionnées. Entreprise d’ailleurs enrichissante. Mais l’astrologie n’a en soi rien de pâle. Sa cohérence théorique existe. 
En l’état actuel, si l’on excepte les recherches très pointues peu accessibles, l’astrologie apporte sur notre table plusieurs milliers d’années d’observations et de constatations, réduites à des principes remarquablement décrits et jouant entre eux selon une méthode éprouvée. Mais il faut choisir sa pratique, son regard sur l’astrologie. Mille usages en ont été faits.
L‘astrologie est un savoir d’ordre qualitatif et symbolique, relié à un réel, tout à la fois qu’un ensemble de techniques permettant de faire parler ce savoir dans la réalité d’un individu ou d’une collectivité.
L’astrologie s’apprend et s’applique. Elle peut être apprise dans les bases, simplement, et peut devenir, avec l’habitude, le métier et la formation, un moyen très subtil et très précis de compréhension de la vie.
C‘est l’étude du discours des astres, née du regard de l’homme sur le ciel quand il s’interroge sur les phénomènes de la vie.